Une marche trop haute
Une semaine après son revers en Norvège face aux Vipers Kristiansand, tenantes du titre, les Rebelles ont à nouveau dû baisser pavillon face à un autre prétendant à la victoire finale, le CSM Bucarest (26-33). Pas bien en place en défense durant la première période, le Brest Bretagne Handball a concédé avant le repos un écart qu’il n’a par la suite jamais su combler. C’est donc sur le terrain des Hongroises de FTC, le week-end prochain, que les Brestoises tenteront d’aller chercher leur premier succès en Ligue des Champions cette saison.
Il y a des rendez-vous plus faciles, des pentes moins raides pour débuter une compétition que celles qui ont été proposées aux Brestoises cette saison. Placées dans un groupe extrêmement dense, voire même un peu effrayant, elles ont en plus eu le « bonheur » d’entamer cette nouvelle aventure avec deux monstres au menu. En déplacement la semaine dernière sur le terrain du double tenant du titre, Vipers Kristiansand, les Rebelles ont cette fois dû se coltiner la formation ayant réalisé le recrutement le plus clinquant en Europe, joignant à un groupe déjà solide les compétences de trois Françaises de top niveau (Grâce Zaadi, Kalidiatou Niakaté et Laura Glauser) et la pivot roumaine Crina Pintea. Avec deux défaites de 7 buts contre ces deux prétendants au trophée, le BBH a vu les progrès qu’il lui restait à faire pour regarder les yeux dans les yeux ces grosses cylindrées. « Avec tout le respect que j’ai pour les équipes qu’on a affrontées en championnat de France, il y a là un delta, avouait Pablo Morel. On parle quand même de Vipers et Bucarest, deux équipes pouvant potentiellement gagner le Final 4. On affronte ce qui se fait de mieux en ce moment et on n’est pas encore assez matures et stables pour ambitionner mieux que ça aujourd’hui. On a une marge de progression, c’est certain, mais l’écart entre le championnat et la Ligue des Champions, on l’apprend durement ! C’est à nous de nous remettre au boulot, de confirmer en LBE et de ne rien lâcher en Coupe d’Europe parce que ça finira par payer ».
Les regrets brestois après la rencontre allaient essentiellement vers le manque d’intensité mise sur certains moments de la rencontre, notamment en première période. Il y avait pourtant sans doute une carte à jouer dans ce secteur car les Roumaines avaient rejoint le Finistère dans des conditions particulières, suite notamment à un vol annulé vendredi et un trajet interminable en car entre Paris et Brest la nuit précédente, avec une arrivée à l’hôtel à 5h30 du matin. « On n’a pas fait ce qu’on espérait faire, poursuivait Pablo Morel. On était à domicile et on voulait les agresser, mettre de la vitesse sur grand espace pour les user après leur long voyage. Et pourtant c’est Bucarest qui a décidé du rythme, on n’a pas su mettre la main sur le match et imposer ce qu’on voulait ». Les Rebelles ont aussi parfois manqué d’expérience dans les moments cruciaux de la partie face à un groupe sûr de son handball et cornaqué par Zaadi. Le BBH a ainsi payé cher un petit trou d’air après le quart d’heure de jeu (8-9, 18e ; 9-14, 25e) et n’a surtout pas su saisir sa chance au cœur de la seconde période, quand la furia de l’Arena commençait à se lever et que Bucarest n’était qu’à une portée de fusil (22-25, 43e). Les occasions de recoller ont pourtant existé mais c’est finalement un 4-0 des Roumaines qui a refait le trou et scellé le sort du match (22-29, 51e). Létal.
« Il ne fallait pas laisser le moindre petit espace à Brest, lançait le coach du CSM, Adrian Vasile. On sait que c’est toujours dur de gagner ici, on a du respect pour cette équipe. Je trouve qu’on a bien défendu, qu’on a trouvé une bonne stabilité. Je dois féliciter les filles qui ont eu beaucoup de caractère malgré les circonstances de notre voyage. Je me rappelle que la saison dernière, après la victoire de Brest à la dernière seconde chez nous, j’avais passé la nuit la plus difficile en tant que coach. Alors aujourd’hui c’est une grande joie ». Le Brest Bretagne Handball aura beaucoup souffert face à la french connection de Bucarest, sous les yeux du sélectionneur Olivier Krumbholz, butant sur Laura Glauser (dont la coéquipière Marie Davidsen fit encore mieux en seconde période) et souffrant face à Grâce Zaadi, l’ex Rebelle Kalidiatou Niakaté et Siraba Dembélé. Cette dernière ne cachait pas non plus sa joie d’avoir permis au CSM de remporter son premier match contre Brest en trois confrontations : « On a bien débuté les deux périodes et on n’a pas laissé la chance à Brest de recoller. On avait perdu deux fois contre cette équipe l’an passé et je ne voulais pas que ça se reproduise. C’était important de rester concentrées sur ce qu’on avait à faire et de ne pas tenir compte de ce qui s’était passé durant le voyage. Je suis si heureuse de revenir avec une victoire ! ».
À une semaine de la première trêve internationale de la saison, les Brestoises ne doivent maintenant surtout pas fléchir et absolument aborder avec la rage les deux rencontres à l’extérieur qui vont se présenter. Après un aller-retour à Nice mercredi, elles prendront vendredi la direction de Budapest où les attendra un nouveau challenge. Défaite 40-20 à Bietigheim ce week-end, la formation de FTC aura sans doute les crocs au moment d’accueillir la troupe finistérienne. Un contexte idéal pour continuer à grandir et tenter de décrocher un premier succès en Ligue des Champions.
BREST BRETAGNE HANDBALL – CSM BUCAREST : 26-33 (13-17)
BREST BRETAGNE HANDBALL : Darleux (g.), Foggea (g.), Mauny (3), Toublanc (1), Fauske, Kobylinska (3), Jaukovic (7), Lassource (2), Técher, Freriks, Foppa (1), Brnovic (4), Carlson (2), Coatanéa (2), Jarrige, Grbic (1). Entraîneur : P. Morel.
CSM BUCAREST : Glauser (g.), Davidsen (g.), Eriksson (g.), Arntzen (2), Aune (4), Neagu (2), Zaadi (4), Niakaté (2), Klikovac, Omoregie (6), Dindiligan (2), Dembélé (4), Ailincai, Sudakova (1), Ramusovic (2), Pintea (4). Entraîneur : A. Vasile.
(crédit photos : O. Stephan / BBH)